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Colloque du CERLI 2009

Représentations et figures du temps dans la littérature et le cinéma fantastique et de science-fiction

26-28 novembre 2009 - Université Michel de Montaigne-Bordeaux 3, par le CERLI et LAPRIL (Littérature, Arts, Pluridisciplinarité, Représentations, Imaginaires, Langages / EA 4198)
Présentation
Le temps dans le récit fantastique est parfois linéaire, mais il peut être marqué par la périodicité, la répétition, la « verticalité bouclée du temps magique » (Jean Fabre). Le passé ne cesse de faire irruption dans le présent, le plus souvent sous une forme horrifique mais selon des modalités variées : obsession de la lignée, malédiction ancestrale, atavisme régressif, objet ou trace archéologique etc. Le récit fantastique développe une « poétique du revenir » (Hélène Cixous). Le temps est figuré par la dégénérescence ou la décomposition qui portent en elles dans le présent la mémoire du passé. Le personnage fantastique, le « revenant » est lui-même lié au passé qu’il soit mort-vivant, spectre, statue antique ou vampire, faisant intrusion dans notre vie quotidienne à la suite d’une imprudence ou d’une transgression. La présence du passé s’inscrit dans des lieux chargés d’histoire hantés par des archéologues, historiens, collectionneurs, antiquaires etc. La bibliothèque est ce locus surchargé de passé qui se situe aussi hors du temps. Le manuscrit permet de réactiver une expérience passée dans le présent tout comme certains miroirs ou portraits animés. Le fantastique met en scène une tension dynamique entre la modernité souvent associée à la rationalité et l’archaïque (représenté en particulier par ses décors gothiques et leurs avatars contemporains) mais aussi ses figures d’altérité venues d’un autre temps.

La représentation du temps dans la littérature de science-fiction est liée aux découvertes physiques majeures du XXème siècle, comme la relativité d'Einstein ou la théorie quantique qui servent de caution scientifique à ces voyages impossibles. La perception complexe du temps suggère qu'il y a non pas unicité du temps chronologique mais parcours diversifiés en fonction de l'individu et de ses choix. Les voyages temporels induisent dans la majorité des œuvres la création de paradoxes ou boucles, résultant d'une représentation cyclique du temps, fonctionnant alors en « circuit fermé ». Pour la littérature de science-fiction, qui s’inspire aussi de la philosophie, le temps devient une sorte de fleuve dont on peut soit remonter le cours, soit suivre le flux, parfois plus vite que les eaux. Le fantasme suprême de l'homme, c'est de pouvoir s'emparer du temps, s'y déplacer, voir et toucher le passé et l'avenir, pouvoir les modifier, maîtriser enfin l'immatériel, l'indomptable et l'intouchable.

Le cinéma, d’inspiration gothique ou fantastique revisite les motifs littéraires (du revenir, du spectral, de la plongée dans l’abîme du temps etc.) et tente de les représenter avec ses moyens propres (image, son, musique, montage). Il peut aussi raconter une histoire à rebours, proposer un récit qui se répète en boucle, jouer de la rapidité ou de la lenteur, voire de la stase de l’arrêt sur image. Le cinéma de science-fiction offre également des variations infinies, du space-opera ou de la saga intergalactique à une représentation des paradoxes temporels. L'usage de drogues permet de changer d'époque, mais le rapport au passé et la mémoire (effacée, implantée) reste privilégié.

Les communications pourront porter sur certains des thèmes et motifs (liste non exhaustive) évoqués plus haut, mais aussi sur les stratégies textuelles et filmiques (narratives, énonciatives, discursives) mobilisées pour rendre compte, à l’écrit comme à l’écran, des multiples formes et figures de la temporalité.
 
 
 



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